La grotte de Pech-Merle

Jean-Guy Astruc, ex Géologue Régional BRGM Midi-Pyrénées, nous fait découvrir ci-dessous la grotte de Pech-Merle à travers un extrait de son article dans le cadre des journées AFK/AGSO/CFH 11, 12, 13 et 14 septembre 2008.

Un paléokarst

Découverte par André David et Henri Dutertre en 1922, la grotte du Pech-Merle occupe une place prépondérante dans le patrimoine archéologique de la France. L’Abbé Amédée Lemozi et André David vont explorer environ 1 km de galeries et découvrir et décrire la plupart des œuvres pariétales que recèle la grotte. Les découvertes se sont succédé jusqu’en 1949 avec la découverte de la galerie du Combel. L’étude la Grotte se poursuit actuellement sous la direction de Michel Lorblanchet. En 1924 la grotte a été ouverteau public, le parcours aménagé a été prolongé en 1952 permettant la visite de l’étage supérieur (salle Rouge). On accède à la grotte par un puits artificiel profond d’une douzaine de mètres. La visite de 600 m de galeries, confortablement aménagées, présente un intérêt majeur dans des domaines diversifiés ; à l’intérêt des œuvres pariétales paléolithiques, s’ajoute une ornementation stalagmitique très riche : les colonnes massives côtoient les bouquets d’excentriques, les disques imbriqués sont uniques. A proximité immédiate de la grotte, le musée AmédéeLemozi, présente des collections provenant de plus de 160 gisements préhistoriques lotois s’échelonnant du paléolithique inférieur à l’âge des métaux. Une salle est réservée à la présentation de l’art paléolithique.

Plan de la grotte de Pech-Merle

Les œuvres pariétales

670 motifs peints ou gravés sur les parois du Pech-Merle sont répertoriés. Les représentations animales les plus fréquentes sont les mammouths et les bisons, auxquels s’ajoutent des chevaux, des aurochs, des cervidés, des bouquetins et 1 ours. On observe également un très grand nombre de signes (ponctuations, bâtonnets, etc.) et des mains négatives. L’ensemble des figures de la grotte s’échelonne du Périgordien final au début du Magdalénien (25 000 à 15 000 avant J.C.). Une datation récente au radiocarbone donne un âge de 24 600 B.P. pour la frise des chevaux pommelés (M. Lorblanchet, à paraître)

Le paléokarst de Pech-Merle

Le karst polyphasé de Pech-Merle

La grotte, creusée dans des calcaires massifs oolithiques (formation de Rocamadour), est localisée sur la bordure méridionale du Causse de Gramat (terrains d’âge Jurassique moyen et supérieur). La grotte du Pech-Merle et les deux cavités voisines : l’igue (appellation locale de gouffre) Mathurin et la grotte Marcenac forment un vaste réseau souterrain ancien de 40 millions d’années. Ces cavités entièrement colmatées à la fin de l’Eocène ont eu une partie de leur remplissage vidangé par des fissures et véhiculé par de petites circulations d’eau sous-jacentes. Les vides ainsi créés, en décomprimant les parois ont provoqué des éboulements internes (monolithes de la salle des chevaux dans Pech-Merle). Enfin, la cavité étant exondée, un concrétionnement de calcite a couvert partiellement les blocs basculés. Quand l’homme préhistorique a pénétré dans la grotte du Pech-Merle, il a trouvé sa morphologie identique, à quelques concrétions près, à ce qu’elle est aujourd’hui. Les chevaux ponctués peints sur un panneau long de 4 m, ont été réalisés par les hommes du Paléolithique (Périgordien) il y a près de 25 000 ans. Le contour découpé de la roche évoquant la silhouette d’une tête de cheval, à droite sur le cliché, est une forme naturelle modelée par la dissolution du calcaire. Cette particularité a du frapper l’imagination de l’homme préhistorique et lui a peut être suggéré cet emplacement pour réaliser le panneau des chevaux ponctués.

Essai de reconstitution de l’évolution d’une section de galerie
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