Les excursions de 2024

27 avril-4 mai - Traversée de la Sicile

Excursion organisée par Philippe LAFAY, et pilotée par Salvatore GAMBINO de l’Université de Catane et Christophe CROZET, guide spécialisé dans les excursions thématiques « environnements naturels ».

Le séjour a débuté le 27 avril 2024 en fin d’après-midi, en se regroupant à l’aéroport de Catane. La première soirée s’est déroulée à Syracuse et Salvatore nous a présenté, en italien, le contexte géologique de la Sicile, ce qui a permis d’avoir un aperçu de la complexité et de la diversité des thèmes qui seraient abordés durant notre semaine sicilienne. L’exposé de Salvatore a été traduit fort brillamment par Philippe LAFAY. Ce binôme, avec l’appui de Christophe, a fonctionné ainsi toute la semaine. Nos oreilles ont pu ainsi profiter de l’italien chantant de Salvatore sans perdre une seule information scientifique.

Par sa position en Méditerranée centrale, la Sicile a subi des processus tectoniques et climatiques dont les successions de roches sédimentaires et volcaniques sont le témoin. L’exposé a fourni une vue générale de l’évolution géologique, stratigraphique et tectonique du domaine plissé et chevauchant sicilien et du domaine d’avant-pays (Plateau Hybléen).

L’excursion avait pour objectif d’illustrer :

  • 1. L’évolution Méso-Cénozoïque de la Sicile Centrale et sud-est ;
  • 2. L’activité volcanique polyphasique de la Sicile orientale ;
  • 3. L’évolution tectono-métamorphique du socle cristallin affleurant au nord-est de la Sicile.

Ces secteurs variés de la Sicile, ont appartenu à différents domaines paleo-géographiques et environnementaux et sont actuellement superposés les uns sur les autres dans un système chevauchant dû à la collision Eurasie-Nubie (Afrique).

L’excursion a concerné l’est de la Sicile, nous avons progressé du sud (région de Syracuse) vers le nord (île de Vulcano). Les dépôts et phénomènes tectoniques allant de l’ère primaire à l’actuel ont pu être observés et décryptés grâce aux explications pertinentes des intervenants.

Le jour 1 a été émaillé de divers incidents dont l’entorse au poignet d’une participante. Ce devait être une mise en condition car les jours suivants, aucun évènement négatif n’est venu perturber notre voyage. Les séquences volcano sédimentaires de la plateforme orientale hybléenne, allant du Crétacé au Quaternaire, se composent de carbonates de plateforme dans lesquels s’intercalent des produits issus du volcanisme sous-marin à subaérien. Les 5 arrêts du jour, nous ont permis d’admirer des panoramas, d’observer les séquences volcano sédimentaires, de longer la côte de la péninsule de Maddalena pour recouper les carbonates miocènes (formations de Monti Climiti et Monte Carruba), le Pliocène représenté par la formation de Trubi et les dépôts côtiers du Quaternaire.

Le jour 2, nous sommes restés sur la plateforme hybléenne et avons goûté au charme des noms italiens des étages miocènes et pliocènes. Les formations des Monts Climiti (membres Siracusa et Melilli) très fossilifères attestent d’un milieu peu profond de plateforme (uplift tectonique). L’activité volcanique miocène est explosive et faite d’éruptions localisées, le diatrème de Cozzo Molino en est une illustration. Au nord du plateau hybléen, une petite excursion nous a permis de visualiser la succession des dépôts du Pléistocène inférieur : dépôts littoraux avec de superbes colonies de « Cladocora caespitosa » en position de vie, séquence volcanique à pillow-lava et laves scoriassées…

Le jour 3 a débuté par l’ascension du Mont Turcisi qui représente une écaille du système chevauchant du « Mt Judica – Mt Scalpello Thrusts system ». Le chevauchement est superposé à l’avant-pays hybléen, les formations traversées sont des sédiments pélagiques méso-cénozoïques. La suite de la journée a été occupée par l’observation des flyschs numidiens (qui ne sont pas de vrais flyschs car de faciès très variables et provenant du craton africain au sud et non pas de la chaîne en formation au nord), les argiles de Badlans du Tortonien sup-Messinien et des successions néogènesquaternaires.

Le jour 4, la visite des volcans de boue de Paterno a été annulée, le site étant actuellement fermé au public. Nous nous sommes consolés en admirant la cheminée volcanique de S. Anastasia et les coulées volcaniques de l’Etna le long de la côte d’Aci Castello à Aci Trezza. Nous avons également visité le château normand de Aci Castello. La journée s’est achevée par l’observation du système de failles Timpe qui montre l’activité tectonique quaternaire sur le flanc est de l’Etna, zone la plus active de l’Etna, elle est accompagnée par un lent glissement gravitationnel vers la mer de blocs rigides bordés de failles.

Le jour 5 fut de loin le plus sportif. Deux groupes furent constitués. Le premier a gravi la pente est de l’Etna jusqu’à 2200 m d’altitude pour admirer les coulées de lave de 1971, épisode volcanique qui a marqué un changement du type éruptif de l’Etna avec passage d’un magma Na-alcalin à un magma K-alcalin. Un nouveau cratère sommital est apparu. La visite du tube de lave de la « Grotta di Serracozzo » a été le clou de l’excursion. Le panorama sur la vallée Del Bove avec son aspect lunaire a également été un grand moment. Cette vallée de 4 km de large, résulte d’un glissement holocène (entre 7478 et 7134 BP) de 4,3 km3 (dépôt de Milo). Le deuxième groupe a visité deux cratères satellites de l’Etna. La journée s’est terminée par la descente dans les très touristiques gorges de l’Alcantara. La vallée sépare le mont Etna des Monts Peloritani appartenant au bloc corso-sarde. Le cours de l’Alcantara, de direction nordouest sud-est a été modifié et déplacé 3,5 km vers le nord par une coulée de lave.

Le jour 6 a été consacré à l’observation des formations les plus anciennes de Sicile constituant la partie nord-est de l’Ile et dominant le détroit de Messine. Elles sont représentatives du bloc corso-sarde. La côte rocheuse permet d’observer le complexe inférieur de « Pelortani – Taormina » composé de trois unités tectoniques de socle de faible degré métamorphique et de leur couverture sédimentaire (série carbonatée mésozoïque). Une dernière balade sur le Mont Dinammare (qui signifie probablement les deux mers) donne une vue imprenable sur le détroit de Messine, la mer Tyrhénienne et les Iles Eoliennes mais permet également d’observer des paragneiss et des amphibolites, roches considérées comme les plus anciennes de Sicile

Le jour 7, l’excursion géologique sicilienne s’est achevée par la visite de l’ile éolienne de Vulcano et du volcan actif de « La Fossa ». Le cône actif de « La Fossa » est haut de 390 m et large de 2 km. Il est constitué de scories pyroclastiques, la dernière éruption a eu lieu de 1888 à 1890. Les fumerolles sont bien visibles en haut du cratère, leur température varie entre 100 et 450 °C.

Après retour en hydroglisseur en Sicile, le bus nous a reconduit à l’aéroport de Catane où le groupe s’est séparé, les uns rentrant directement chez eux, d’autres s’accordant quelques jours de plus en Sicile ou en Italie. Nous remercions vivement Philippe LAFAY, organisateur du voyage et traducteur. Nous remercions également Salvatore et Christophe de nous avoir fait partager leur passion pour la géologie de leur Ile ainsi que Antonio, le chauffeur du bus, qui nous a conduit sans entrave sur des routes souvent étroites et sinueuses.

Les plus du voyage :

  •  Les excursions géologiques ;
  •  Les bons produits siciliens ;
  •  L’ambiance studieuse mais malgré tout chaleureuse et gaie. Rédaction Maryline Marsac-Bernède
Photo du groupe

29-30 juin - excursion en vallée d’Aspe et grottes de Bétharam avec J. CANEROT

L’excursion initialement prévue au Mailh Arrouy avec notre dernier lauréat du prix Michel Vigneaux n’ayant pu être organisée, Joseph Canérot, vaillant comme à son habitude, nous a proposé au pied levé une première journée pour nous exposer sa vision de la géologie régionale au droit de la vallée d’Aspe et une seconde pour aller voir les Grottes de Bétharram. L’arrivée à Arudy a donné le ton de cette météo 2024 avec un groupe de 24 courageux participants réfugiés sous la halle à la recherche d’un abri au sec. Jo en grande forme tira le groupe jusqu’au parking de Sarrance à l’entrée de la vallée d’Aspe où il s’appliqua à un exposé magistral de l’ensemble de la géologie régionale sous pluie battante et baleines de parapluie.

Le 2e arrêt était miraculeusement prévu à Accous et donc à une encablure du Permayou où le groupe se réfugia pour laisser passer le grain. Après un pique-nique et une bière les discussions reprirent au sec dans la salle du bar. La pluie enfin passée l’optimisme revint et Jo nous emmena vers le cirque d’Ascun admirer un paysage de brume qui n’empêcha pas le groupe studieux de commenter et discuter pendant 1 h puis de se replier vers l’Hôtel de France d’Arudy pour une nouvelle discussion sur l’origine des nappes sud-pyrénéennes avant un copieux repas de groupe. Les thèmes exposés peuvent se retrouver dans une note de 2023 de J. Canérot et F. Mediavilla sur le site de la SGF La partie concernant l’origine des nappes sud-pyrénéennes fera l’objet d’une note de J. Canérot à la Société d’histoire naturelle de Toulouse. Le lendemain c’était l’été ou presque par comparaison. Le cortège de voitures s’étira vers Bétharram et à proximité de la ferme de sa naissance, J. Canérot nous exposa le cadre géologique régional et l’interprétation passionnante du réseau hydrographique complexe des Grottes de Bétharram composé de 5 niveaux principaux en liaison avec l’évolution des exutoires successifs dans le temps. Ce fut également l’occasion d’un petit arrêt pour aller voir le long du Gave le flanc inverse du flysch Albo-Cénomanien chevauché par les Chaînons Calcaires Béarnais. Après un pique-nique dans la salle monumentale de l’entrée des grottes nous eûmes droit à une spectaculaire visite guidée des galeries à pied, en barque et en petit train. La journée se termina plus tôt qu’à l’habitude pour permettre à tous de rentrer voter éludant les discours habituels de remerciement Mais le cœur y était pour notre béarnais préféré sans oublier Laurent Albouy discret et efficace chargé de logistique. F. Mediavilla

Photo du groupe de participants

21-22 septembre 2024 - Haute Chaîne Centrale avec J. Carreras, E. Druget, C. Majesté du Synclinal de Llavorsi au Dôme de la Pallaresa (est Andorre)

Sur 2 jours, cette excursion de 20 participants dans les Pyrénées Catalanes a permis d’observer les déformations de la zone axiale pyrénéenne, et de rencontrer selon un profil sud / nord : le dôme d’Orri, le synclinal de Llavorsi, le dôme de la Pallaresa. Le samedi débute par une courte marche dans le village de Llavorsi, le long de la rivière de Noguera Pallaresa jusqu’au pied d’une robuste falaise de schistes ardoisiers délimitant le Nord du Dôme d’Orri. Datés du Cambro-Ordovicien, ces schistes de la série d’Alins témoignent du remplissage en milieu profond d’un bassin flysch et nous emmènent il y a 450 millions années en proximité du pôle Sud, le long de la marge Nord du Gondwana comblée par des ampélites noires du Silurien et des calcaires du Dévonien.

Jordi et Elena nous ont dévoilé l’histoire de la foliation et des plis liés à l’orogenèse varisque alliant à la fois compression et cisaillement très bien illustrés par des figures en « kink band » contemporains de l’effondrement de la chaine Hercynienne. Cet ensemble de structures en dômes et synclinal s’insère dans le paysage parmi des massifs cristallins ; granites de la Maladeta à l’ouest ; Massif de Bassiès au Nord. Les plutons granitiques ne semblent pas à l’origine de la déformation du synclinal, il faut plutôt y chercher une explication récente datant de la mise en place des Pyrénées lors du cycle orogénique alpin.

Le dimanche est consacré au dôme de la Pallaresa, au départ du village d’Esterri de Cardos dans le décor surnaturel du mirador de la Roca où se mêlent brume, callunes et des blocs erratiques déposés par le glacier de Bassiès il y a 40 000 ans. Nous observons des marbres et ardoises ferrugineuses de Lladorre marquant la limite entre la série cambrienne (série d’Alins) et des matériaux du Néoprotérozoïque (série de Solto) séparant le dôme en deux domaines stratigraphiquement plus jeunes au sud. A noter l’observation de mylonites (roches extrêmement broyées) dans la partie sud de la Pallaresa, ouvrant le débat d’une possible mise en relation entre cette zone de forte contrainte avec le chevauchement de Gavarnie situé à l’ouest et la faille de Merens à l’Est.

Au final encore une sortie « humide » nous sommes passés entre les gouttes et avons fini sous un soleil revenu. Un grand merci donc à nos guides Jordi et Elena pour leurs crayonnés pédagogiques et l’interprétation de ces lieux magnifiques, sans oublier B. Mouly pour sa superbe organisation sans failles (ou plutôt avec).

Compte-rendu d’Olivier LARPIN

Le repas du samedi soir, une table à recommander
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